Réunis à Addis-Abeba (Ethiopie) dans le cadre de la conférence de clôture du Projet Vaccins Méningite (PVM), des experts de la vaccination et des responsables de 26 pays africains de la « ceinture de la méningite » ont constaté et révélé ce lundi, 22 février 2016, que la méningite A était en passe d’être éradiquée du continent africain.
Ils fondent leurs déclarations sur les résultats obtenus depuis l’introduction en 2010 du vaccin MenAfriVac dans 16 des 26 pays de la « ceinture de la méningite », une zone de l’Afrique subsaharienne qui va du Sénégal à l’Ethiopie.
Dans le communiqué de presse parvenu aux rédactions des différents médias, l’on peut lire en effet que « plus de 235 millions d’enfants et de jeunes adultes (de 1 à 29 ans) ont été immunisés, et la méningite a disparu de ces zones ».
Plus encore, l’on est passé de plus de 250 000 cas de maladies lors de l’épidémie de 1996, à 80 cas confirmés en 2015 dans les pays qui n’avaient pas encore mené de campagne de vaccination massive et parmi les personnes non vaccinées.
Depuis des générations, la méningite A est un fléau dans « toute la ceinture africaine de la méningite », mais aujourd’hui nous pouvons nous féliciter qu’un vaccin sûr et efficace sauve des millions de personnes de la mort et de l’infirmité », se satisfait Seth Berkley, président-directeur général de l’Alliance du vaccin (GAVI), une organisation qui a soutenu le PVM.
Pour Manuel Fontaine, directeur régional de l’UNICEF pour l’Afrique de l’ouest et du centre, « le déploiement du vaccin contre la méningite A a été une très belle réussite en Afrique subsaharienne ».
Toutefois, le PVM prend ainsi fin alors que parmi les 10 pays qui doivent encore mener des campagnes complètes de vaccination, cinq sont prêts à le faire en 2016. Il s’agit de la République centrafricaine, de la Guinée-Bissau, du Soudan du Sud, de la République démocratique du Congo (RDC) et de l’Ouganda.
Quant aux cinq Etats restants (Burundi, Érythrée, Kenya, Rwanda et Tanzanie), ils devraient mener des campagnes de vaccination massive dans des zones à haut risque en 2016-2017.
D’où les réserves de Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique : « notre franc succès contre la méningite A n’est en aucun cas permanent, dit-elle. Pour maintenir le niveau de protection actuel contre cette maladie, tous les pays à risque doivent achever leurs campagnes de vaccination et intégrer le vaccin à leurs programmes de vaccination systématique contre les maladies infantiles. »
Nouvelles épidémies
Surtout que les experts réunis à Addis-Abeba indiquent que « selon un modèle mathématique, les pays risquent de connaître de nouvelles épidémies d’ici quinze ans si aucun programme de vaccination n’est mis en place après ces campagnes ponctuelles ».
A ce propos, huit pays de le « ceinture de la méningite » (Burkina Faso, République centrafricaine, Tchad, Ghana, Mali, Niger, Nigeria et Soudan) ont d’ores et déjà demandé un financement pour inclure le MenAfriVac dans leurs programmes nationaux de vaccination systématique contre les maladies infantiles en 2016.
Les 18 pays restants (Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Sénégal, Togo, Burundi, Érythrée, Kenya, Rwanda, Tanzanie, RDC, Éthiopie, Guinée-Bissau, Mauritanie, Soudan du Sud et Ouganda) devant en faire de même au cours des deux prochaines années.
Considéré comme l’un des plus grand succès de santé publique, le PVM avait été mis sur pied en 2001 par l’OMS et l’organisation non gouvernementale PATH, avec pour principal bailleur la Fondation Bill & Melinda Gates.
Avant l’introduction du MenAfriVac fabriqué par le laboratoire indien Serum Institute of India, la méningite A était la principale cause des épidémies dans les pays de la « ceinture de la méningite ».
Mais, désormais, ce sont d’autres souches qui sont à l’origine de flambées de cette maladie ; à l’instar de l’épidémie de méningite C qui a frappé le Niger dans la première moitié de l’nnée 2015, avec près 8 341 cas pour 557 décès comptabilisés au mois de juin 2015.
Les experts ont décidé de concentrer maintenant leurs efforts vers l’éradication de ces autres souches.
Source:Scidev.net