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Carrière

En tant que femmes africaines modernes qui travaille, nous nous mettons une pression énorme en essayant de plaire à tout le monde et si nous n’y parvenons pas, nous avons le sentiment de n’avoir rien accompli. Chaque jour au travail, nous nous épuisons et nous nous efforçons d’accumuler les responsabilités, juste pour être sûres d’être considérées comme les « super-héroïnes » de notre travail. Nous nous perdons dans notre travail parce que nous nous convainquons que si nous relevons plus de défis, nous serons reconnues pour notre dur labeur. Parfois, nous pensons que c’est la bonne chose à faire pour obtenir une promotion au boulot, en mettant en danger notre santé avec cette routine de travail malsaine, juste pour être dans la ligne de mire d’une promotion ou d’une mission précieuse qui fera toute la différence.

Mais à la fin de la journée, lorsque la situation se présente, nous sommes stressées, nous en avons assez, et nous finissons dépitées parce qu’une fois de plus, on ne tient pas compte de nos compétences et de nos talents.

Voici quelques bons conseils pour éviter ce comportement qui alimente le stress.

Respirez, détendez-vous et prenez votre temps

Nous devons prendre du temps pour nous détendre et savoir qu’une bonne pause mentale vaut son pesant d’or. Lorsque nous gravissons les échelons d’une entreprise ou que nous dirigeons une entreprise prospère, sachez que le succès est un marathon, pas un sprint. Alors, adoptez votre rythme. Au cas où vous ne le sauriez pas, il est en fait tout à fait bénéfique de faire une pause de temps en temps pour maintenir des niveaux de concentration productifs et des niveaux de stress qui favorisent la créativité.

Alors, n’hésitez pas lorsque vous avez envie de vous ressourcer – faites une promenade d’un quart d’heure ou ayez une conversation informelle avec un de vos collègues sur la famille ou l’actualité. Arrêtez de trop analyser les choses et suivez votre instinct. Ne visez pas la perfection, visez le meilleur.

Déléguez si vous pouvez !

Deux évaluations à rendre avant la fin de la semaine. Une présentation de fin de trimestre à rendre mercredi prochain. Des réunions à la chaîne, des réunions et encore des réunions !  Il n’y a rien de mal à s’attaquer agressivement à chaque opportunité, ou à vouloir que votre patron vous considère comme une employée responsable. Mais il est tout aussi intelligent de savoir comment et quand partager le travail.

Les compétences en matière d’établissement de priorités et de délégation sont tout aussi précieuses. Pour gérer des priorités, il faut souvent demander un coup de main lorsque c’est nécessaire. Personne n’attend de vous que vous fassiez tout par vous-même. Trouvez des personnes qui peuvent vous aider lorsque vous vous sentez dépassée. Croyez-moi, vous êtes plus productive en déléguant des tâches à vos collègues et vous montrez  de cette façon que vous jouez en équipe lorsque vous vous portez volontaire pour aider les autres aussi. Vous gagnerez beaucoup de temps, vous respecterez vos délais et vous garderez votre santé mentale.

Arrêtez de vouloir être multitâche, si vous ne le pouvez pas!

Certains disent que c’est génétique pour les femmes de faire plusieurs tâches à la fois, mais cela fait plus de mal que de bien. Des études montrent que vous finissez par faire plus d’erreurs lorsque vous êtes multitâche, alors que c’est au delà de vos capacités, que lorsque vous travaillez sur une seule tâche à la fois. En outre, les experts ont prouvé que le multitâche n’est ni efficace ni productif. Penser que vous pouvez gérer plusieurs tâches à la fois conduit en fait à plus de stress, d’anxiété, de dépression et à un épuisement mental total.

C’est possible de prendre plusieurs responsabilités, mais sachez organiser votre travail de sorte qu’une chose n’affecte pas une autre. Arrêtez-vous, établissez des priorités, organisez et n’oubliez pas de déléguer si nécessaire. Faites toujours de votre mieux pour éviter la tendance à prendre trop de responsabilités à la fois. Planifiez à l’avance, planifiez votre temps et donnez la priorité à ce qui est important. Assurez-vous d’éteindre toute distraction excessive (maudits soient les médias sociaux !). Si une priorité absolue se présente, mettez de côté ce que vous êtes en train de faire et concentrez-vous dessus. Croyez-moi, votre patron vous appréciera, et vos collègues aussi.

Dites simplement non

Dire non à certaines occasions, lorsque la meilleure réponse est non, ne fait pas de vous une personne horrible.  J’avais l’habitude de penser que dire non faisait de moi une mauvaise personne ou limitait mes possibilités de carrière. Cependant, je me suis rendu compte qu’il est important de dire oui UNIQUEMENT lorsque je sais que je suis capable de le faire. N’acceptez que les choses qui peuvent vous apporter une valeur d’apprentissage pour vous-même et un avancement potentiel pour votre carrière. Savoir dire non quand la réponse est non maintient votre sentiment de contrôle et votre disponibilité pour contribuer plus efficacement à votre équipe par d’autres moyens. Ayant l’habitude de prendre soin des autres, les femmes aiment se surpasser et faire plaisir à tout le monde avant elles. Quand nous disons non, nous éprouvons un inévitable sentiment de culpabilité, car nous voulons que les gens sachent que nous sommes fiables. Mais on court le risque de ne plus se concentrer sur ce qui est vraiment important : soi-même. Vos désirs et vos besoins sont des éléments importants de votre bien-être général. Ainsi, le fait de toujours dire oui pour aller chercher un café pour l’équipe ne fait pas de vous un joueur d’équipe, mais plutôt un facilitateur!

Faites du sport ou méditez…

La journée de travail touche à sa fin et il est temps d’évacuer le stress qui s’est accumulé tout au long de la journée. En plus d’une alimentation saine, faire de l’exercice vous donne un regain d’énergie et vous permet d’aborder les problèmes du travail avec un esprit clair. La méditation quotidienne est une autre excellente solution. La méditation permet non seulement de calmer l’esprit, mais aussi de lutter contre le stress et l’anxiété, et de prendre conscience de son corps physique. Il existe d’excellentes vidéos sur YouTube (celle-ci par exemple) qui peuvent vous aider à vous lancer dans la méditation. Mettez donc de la musique apaisante et faites circuler les endorphines…

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La jeune femme qui nous accueille à l’allure classique de la sénégalaise lambda. Voile sur la tête, allure nonchalante, on ouvre des yeux ronds quand on apprend le métier qu’elle exerce. Zeynabou est agent de sécurité depuis une dizaine d’années maintenant, et la seule femme dans une team de 201 agents en Italie. 

D’assistante familiale à agent de sécurité, il y a une grande différence, même si les deux métiers demandent une grande connaissance psychologique des personnes qui vous entourent. Femme au caractère fort et bien affirmé, Zeynabou devient une autre personne dès qu’elle revêt son costume de travail. Concentrée, alerte, minutieuse, la jeune femme vit son travail à fond. Maître dame Seck, son maître de Taewkendo et Samado avoue « c’est une jeune femme disciplinée et très engagée dans ce qu’elle fait. Elle a un mental de combattante et ne lâche rien. Quand je regarde ce qu’elle a accomplie, j’encourage les femmes à suivre son exemple.»   

Une vie entière dédiée au sport

Pendant que ses camarades filles jouaient à la poupée ou la dinette, Zeynabou elle, était déjà attirée par le milieu du sport et des sensations fortes. Très tôt, elle se passionne pour les arts martiaux, le football, le basket, la boxe. Garçon manqué, elle sait déjà que son avenir est tout tracé dans la police ou la sécurité… comme son grand père qui est dans le BIP. 

Arrivée en Italie en 2002, elle est obligée pendant deux ans de s’assoir derrière un bureau…une torture pour celle qui préfère être dans le feu de l’action, sur le terrain. En 2004, elle peut enfin vivre pleinement son rêve en étant recrutée comme agent de sécurité parmi 200 hommes. Si ce challenge peut faire peur à beaucoup de femmes, Zeynabou a su mériter sa place et se retrouver parmi les meilleurs de son groupe. Ibrahima Ndoye, le président de Samado Sénégal confie « Elle est tellement tenace que rien ne lui fait peur. Sur le tatami, elle ne laisse rien ni personne l’impressionner. Sa rage de vaincre en fait une de nos meilleures recrues féminines. Pendant les stages, elle fait preuve d’un grand professionnalisme et ça me rassure pour la réussite de ses missions de terrain en Italie ». Taekwendo, Aikido et Samado sont les disciplines qu’elle pratique au quotidien. Avec son niveau de ceinture noire, c’est une as du combat sous ses airs d’ange.

Sur le terrain, la jeune femme fait preuve d’un professionnalisme exemplaire. Avec le sourire, mais surtout avec beaucoup de fermeté, elle sait remettre à sa place les individus au comportement inapproprié et suspect. Ceux qui se laisseraient facilement tromper par sa condition de femme, déchante très vite dès qu’ils se frottent à elle. 

Une femme accomplie et épanouie

Derrière les 4 murs de son foyer, dès qu’elle a enlevé son costume de travail, Zeynabou redevient une femme dans toute sa splendeur. «Je suis une femme jongue qui redevient soumise dans son foyer. La femme dangereuse que je suis au travail reste à la porte de chez moi quand je rentre. Je fais la cuisine, je m’occupe de mon foyer, je suis soumise comme toute bonne musulmane, avoue-t-elle avec le sourire ». Boubou africain, hauts talons, la jeune femme n’a rien perdu de sa féminité malgré ce travail d’hommes qu’elle a choisi. Derrière le masque de wonderwoman, se cache une jeune femme qui adore rire et partager. 

D’ailleurs sa venue au Sénégal ces derniers mois, c’est pour concrétiser une vieille promesse qu’elle s’est faite. Fille de la banlieue (Guédiawaye), elle désire ouvrir une salle de musculation et d’arts martiaux pour donner la chance à tous de connaitre les bienfaits du sport pour le corps et le mental, mais surtout apprendre aux femmes les techniques de self défense en ces temps de recrudescence de l’insécurité. A côté, Zeynabou désire aussi mettre en place une agence de sécurité (Samado sécurité) fera de la garde rapprochée, de la sécurité d’entreprises, d’évènementiels, etc. 

Avec ce parcours qui rend fier son entourage, Zeynabou est la preuve vivante que les femmes peuvent briser les barrières et s’imposer dans un secteur dominé par les hommes, et se hisser parmi les meilleurs sans perdre sa féminité.   

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Les théoriciennes et militantes féministes ont saisi depuis longtemps ce mécanisme (qu’elles ont nommé le plafond de verre) qui matérialiserait cette ligne invisible qui empêcherait les femmes d’atteindre les hautes sphères décisionnaires et ce dans tous les milieux. Il faut dire parfois que ce fameux plafond de verre devient pour certaines femmes carrément un plafond de fer suspendu au-dessus de leurs têtes comme une épée de Damoclès. Mais est ce que l’existence de ce plafond de verre-fer, comme les théoriciennes féministes le laissent sous-entendre, émane de l’action directe des hommes?  Une analyse fine de la dynamique de construction de ce fameux plafond laisse plutôt voir une participation active des femmes de la conception de ce plafond.

En effet, plusieurs courants théoriques ont permis de mettre le doigt sur ce mécanisme subtile  notamment ce courant théorique dans le mouvement féministe qui a permis l’explicitation du concept d’empowerment et en sociologie  la théorie de Bourdieu de la violence symbolique.

L’empowerment (une notion difficile à traduire avec exactitude en français) a été d’abord théorisé par des penseurs brésiliens d’origine africaines  dans le cadre de la lutte pour les droits de leurs compatriotes noir-es pour signifier la nécessité de leur inculquer une prise de conscience du pouvoir personnel dont ils sont détenteurs.  Cette action plutôt militante était destinée à changer  la structure des rapports de domination de la population blanche sur la population noire et à la rendre plus égalitaire. Cette notion a été  introduite dans le mouvement féministe par les militantes racisées ( noires africaines particulièrement) d’une part pour contester  l’orientation homogénéisante des revendications féministes plutôt marquées par la suprématie de la cause des femmes blanches et d’autres part pour signifier de la nécessité d’opérer des actions d’incitations et de sensibilisations à la re-prise de leur pouvoir ( le pouvoir en , le pouvoir sur et le pouvoir de…).  À noter qu’on n’en est pas encore à la notion de discrimination positive qui viendra bien après dans la théorie et l’action féministe.

Pour ce qui est de la violence symbolique théorisée par Bourdieu, ce mécanisme opère, selon cet auteur, insidieusement et efficacement et structure les rapports de pouvoir entre dominant-es et dominé-es tendant à légitimer la domination aux yeux mêmes des dominés. Contrairement à ce que nous savons de l’exercice de la violence basé sur l’usage de la force, cette violence symbolique a ceci de particulier qu’elle n’use point de la force. La violence symbolique s’exerce et s’incruste plutôt dans les structures mentales des dominé-es pour s’y installer confortablement et commander et inspirer leurs rapports aux dominants. On comprend bien ici que les circuits de socialisation permettent l’opérationnalisation de la violence symbolique.
Ainsi donc, pour mieux comprendre la persistance de ce plafond de verre-fer alors que presque toutes les statistiques de l’éducation révèlent des performances scolaires des filles, il faut se tourner du côté de la socialisation différenciée (ou la socialisation de genre) des filles et des garçons entamée dès la prime enfance (socialisation primaire au sein principalement de la famille.) En effet, la socialisation « genrée » instaure des prescriptions comportementales différentes des garçons et des filles en vue de la reproduction des rôles de sexes. Ainsi, lorsque cette socialisation différentielle incite et même parfois encourage l’extraversion des garçons et initie les filles à l’introversion; nous comprenons mieux la domination masculine dans les structures sociales, politiques etc.
Au final, au vu de ces éléments non exhaustifs, il n’est pas possible de soutenir la facticité de ce plafond de verre ce qui relèverait de la mauvaise foi. Toutefois, un appel à toutes les femmes pour une prise de conscience de leur part de responsabilité dans le maintien de ce plafond de verre est nécessaire pour espérer sa déconstruction.

 

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Au sud du Sahara, le traitement des eaux usées demeure sous-développé, faisant peser sur les pays un coût sanitaire et économique exorbitant. Mais, sous l’impulsion des bailleurs de fonds, les principaux blocages commencent enfin à être levés.

En 2012, la Banque mondiale s’alarmait de l’impact économique exorbitant, sur le continent, du manque d’assainissement : les lacunes de ce secteur, qui comprend l’évacuation des eaux pluviales ainsi que la collecte et le traitement des eaux usées, coûteraient à une vingtaine de pays 1 % à 2,5 % de leur PIB annuel. Soit, au total, près de 4,2 milliards d’euros, si l’on ne tient compte « que » des conséquences sanitaires directes sur les populations (décès prématurés, dépenses de santé, etc.). Et il faut ajouter à ce bilan des effets à long terme plus difficiles à évaluer, comme l’apparition d’épidémies, le mauvais développement infantile ou la dégradation de l’environnement.

Si quelques pays (en particulier le Maroc et la Tunisie) se distinguent très largement et que d’autres, en Afrique subsaharienne (le Burkina Faso, le Sénégal, le Rwanda et le Gabon, notamment), font des efforts malgré un accès limité aux financements, la situation est loin d’être satisfaisante. Environ 30 % des Subsahariens avaient accès à l’assainissement en 2010. Ce chiffre reste inchangé. C’est même l’un des seuls Objectifs du millénaire pour le développement de l’ONU, dont le cycle s’achevait en 2015, dans lesquels quasiment aucune progression n’a été constatée, s’inquiète Jean-Michel Ossete, directeur adjoint du département eau et assainissement de la Banque africaine de développement (BAD). « Cela ne veut pas dire que rien n’a été fait, tempère-t-il. Mais la croissance démographique est telle que les investissements n’arrivent pas à suivre. »

Éduquer les populations – des villes, surtout – quant aux risques liés au déversement des eaux usées en plein air ou dans les canaux réservés aux eaux pluviales est un premier enjeu commun à tous les pays. Mais il n’est pas le seul, et plusieurs autres obstacles doivent être surmontés.

Une planification qui se met lentement en place

Tous les spécialistes interrogés s’accordent là-dessus : le secteur a longtemps souffert d’un manque de volonté politique. « Malgré leurs recettes pétrolières, le Nigeria, le Congo, la Guinée équatoriale, l’Angola et la RD Congo sont tous de mauvais élèves, constate un expert. Le Congo, par exemple, a connu quatre années d’excédent budgétaire, au cours desquelles rien n’a été fait pour l’assainissement. Aucune structure n’est dévolue à ce service ; les mairies sont censées le gérer mais ce n’est pas du tout opérationnel. »

« Le plus gros obstacle est institutionnel », confirme Cassilde Brenière, chef de la division eau et assainissement de l’Agence française de développement (AFD). La Côte d’Ivoire ne s’est dotée d’une société chargée de l’assainissement qu’en 2011 ; le Mali n’en possède toujours pas. Or la mise en place d’un cadre juridique et d’une planification prenant en compte les grandes tendances, comme l’évolution démographique, est prioritaire, estime la spécialiste de l’AFD : « Il faut une vision avant de décider d’un tarif et de sa collecte. »

 

Dakar, qui dispose d’une station d’épuration depuis plus de vingt ans, s’apprête en outre à lancer un vaste programme de dépollution dans la baie de Hann

Dans ce domaine, une amélioration commence cependant à se faire sentir. Ainsi, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Cap-Vert et le Bénin travaillent chacun à la rédaction d’un schéma directeur – une première étape essentielle. « Beaucoup de gouvernements africains ont pris conscience, ces dernières années, de la nécessité de développer l’assainissement pour améliorer la santé, le cadre de vie et la productivité », confirme Mamadou Dia, directeur eau et assainissement du groupe Eranove (présent en Côte d’Ivoire avec la Sodeci, au Sénégal avec la Sénégalaise des eaux et temporairement en RD Congo avec la Regideso).

Dakar, qui dispose d’une station d’épuration depuis plus de vingt ans, s’apprête en outre à lancer un vaste programme de dépollution dans la baie de Hann : autrefois paradisiaques, ce bassin naturel et sa plage sont aujourd’hui asphyxiés par les tonnes de déchets domestiques et industriels qui sont déversés dans les canaux normalement réservés aux eaux pluviales… À l’amélioration des conditions de vie des habitants s’ajoute ici un autre enjeu, économique : celui de redonner à la baie son potentiel touristique d’antan.

Des financements de plus en plus accessibles

L’assainissement est encore trop peu souvent prioritaire dans le budget des États. « Il est évident que si l’État a 1 euro à dépenser, il va aller à l’eau potable en priorité », souligne Jean-Yves Gadras, directeur du développement pour l’Afrique et le Proche-Orient au sein du groupe Suez. Or, fait-il remarquer, faciliter l’accès à l’eau signifie aussi augmenter les volumes d’eaux usées à traiter…

Les banques de développement se sont emparées de ce sujet. Ainsi l’AFD a consacré en 2014 près de 200 millions d’euros à des projets d’assainissement bénéficiant à 1,1 million d’habitants sur le continent. Les bailleurs de fonds conjuguent leurs efforts pour prendre en charge la plus grosse partie des investissements, comme les stations d’épuration et les complexes réseaux collectifs de tout-à-l’égout. À Djibouti, par exemple, où 25 % de la population est raccordée aux infrastructures d’assainissement, l’AFD finance, à hauteur de 5,2 millions d’euros, l’installation d’un réseau collectif dans le quartier central de Balbala, tandis que l’Union européenne a permis l’inauguration, en mars 2014, d’une station de traitement des eaux usées (13 millions d’euros).

L’Onea investit sur fonds propres 1,2 milliard de F CFA [environ 1,8 million d’euros] dans le réseau d’égouts ainsi que dans les stations de traitement et de vidange de la capitale, s’enorgueillit Hamado Ouédraogo

Rares sont les pays qui, comme l’Algérie, parviennent à financer eux-mêmes leurs projets de A à Z. Mais certains participent dans la mesure de leurs moyens. L’État gabonais apporte ainsi, aux côtés de l’AFD, près de la moitié du financement d’un réseau d’écoulement des eaux pluviales à Libreville (soit 31,7 millions d’euros). Plus modeste, l’office burkinabè de l’eau potable (Onea) a pris la mesure du problème dès les années 1990. « L’Onea investit sur fonds propres 1,2 milliard de F CFA [environ 1,8 million d’euros] dans le réseau d’égouts ainsi que dans les stations de traitement et de vidange de la capitale, s’enorgueillit Hamado Ouédraogo, directeur général de l’Onea. Un montant qui s’élève à 4 milliards de F CFA par an en comptant les projets d’extension en cours. »

Si les moyens débloqués demeurent modestes au regard des besoins, l’assainissement a l’avantage de pouvoir être mis en place par étapes. « On peut se limiter d’abord à une partie de la chaîne : par exemple, à l’échelle d’une ville côtière, commencer par un système de collecte qui se déverse dans la mer avant d’envisager une station de traitement », souligne Jean-Yves Gadras, de Suez. À Casablanca, dans le quartier de Sidi Bernoussi, le groupe français a inauguré en mai 2015 une usine opérant un premier traitement des eaux usées, doublée d’un « émissaire », une canalisation qui les rejette en mer, loin de la côte. La capitale économique marocaine prévoit de mettre en place, dans un second temps, un traitement plus avancé.

Un modèle économique encore à trouver

C’est le dernier gros problème. Si les consommateurs sont prêts à payer pour de l’électricité ou de l’eau potable, l’assainissement ne bénéficie à personne en particulier… sinon à la communauté tout entière. Trouver un modèle économique permettant de couvrir les coûts d’exploitation des ouvrages (notamment celui des stations, grandes consommatrices d’électricité) est une équation complexe. Certains pays n’en facturent qu’une partie. « Au Burkina Faso, où, en dehors de l’hyper-centre de Ouagadougou, équipé du tout-à-l’égout, subsiste un système de fosses, ce sont les habitants qui paient les vidanges, illustre Cassilde Brenière. De plus, 10 % à 15 % de la facture d’eau servent à payer l’assainissement. » Ce n’est pas suffisant, mais le pays parvient à observer, selon la BAD, un taux de recouvrement de plus de 80 % des factures, ce qui permet déjà d’assurer le service.

« La tarification doit être à la fois compatible avec le niveau des revenus de la population et cohérente avec la qualité du service », souligne Jean-Michel Ossete, citant l’exemple tunisien où les factures atteignent le montant « acceptable » d’une quarantaine de dinars (environ 20 euros) par mois pour une grande habitation. Là où l’eau et l’électricité sont gérées par un même opérateur, comme au Gabon ou dans certaines villes marocaines, le service le plus rémunérateur (l’électricité) peut financer le plus déficitaire (l’eau) via une péréquation tarifaire, afin d’assurer ce service public à un prix plus abordable.

 

#Marion Douet

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