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Eva Rassoul Ngo

La jeune femme qui nous accueille à l’allure classique de la sénégalaise lambda. Voile sur la tête, allure nonchalante, on ouvre des yeux ronds quand on apprend le métier qu’elle exerce. Zeynabou est agent de sécurité depuis une dizaine d’années maintenant, et la seule femme dans une team de 201 agents en Italie. 

D’assistante familiale à agent de sécurité, il y a une grande différence, même si les deux métiers demandent une grande connaissance psychologique des personnes qui vous entourent. Femme au caractère fort et bien affirmé, Zeynabou devient une autre personne dès qu’elle revêt son costume de travail. Concentrée, alerte, minutieuse, la jeune femme vit son travail à fond. Maître dame Seck, son maître de Taewkendo et Samado avoue « c’est une jeune femme disciplinée et très engagée dans ce qu’elle fait. Elle a un mental de combattante et ne lâche rien. Quand je regarde ce qu’elle a accomplie, j’encourage les femmes à suivre son exemple.»   

Une vie entière dédiée au sport

Pendant que ses camarades filles jouaient à la poupée ou la dinette, Zeynabou elle, était déjà attirée par le milieu du sport et des sensations fortes. Très tôt, elle se passionne pour les arts martiaux, le football, le basket, la boxe. Garçon manqué, elle sait déjà que son avenir est tout tracé dans la police ou la sécurité… comme son grand père qui est dans le BIP. 

Arrivée en Italie en 2002, elle est obligée pendant deux ans de s’assoir derrière un bureau…une torture pour celle qui préfère être dans le feu de l’action, sur le terrain. En 2004, elle peut enfin vivre pleinement son rêve en étant recrutée comme agent de sécurité parmi 200 hommes. Si ce challenge peut faire peur à beaucoup de femmes, Zeynabou a su mériter sa place et se retrouver parmi les meilleurs de son groupe. Ibrahima Ndoye, le président de Samado Sénégal confie « Elle est tellement tenace que rien ne lui fait peur. Sur le tatami, elle ne laisse rien ni personne l’impressionner. Sa rage de vaincre en fait une de nos meilleures recrues féminines. Pendant les stages, elle fait preuve d’un grand professionnalisme et ça me rassure pour la réussite de ses missions de terrain en Italie ». Taekwendo, Aikido et Samado sont les disciplines qu’elle pratique au quotidien. Avec son niveau de ceinture noire, c’est une as du combat sous ses airs d’ange.

Sur le terrain, la jeune femme fait preuve d’un professionnalisme exemplaire. Avec le sourire, mais surtout avec beaucoup de fermeté, elle sait remettre à sa place les individus au comportement inapproprié et suspect. Ceux qui se laisseraient facilement tromper par sa condition de femme, déchante très vite dès qu’ils se frottent à elle. 

Une femme accomplie et épanouie

Derrière les 4 murs de son foyer, dès qu’elle a enlevé son costume de travail, Zeynabou redevient une femme dans toute sa splendeur. «Je suis une femme jongue qui redevient soumise dans son foyer. La femme dangereuse que je suis au travail reste à la porte de chez moi quand je rentre. Je fais la cuisine, je m’occupe de mon foyer, je suis soumise comme toute bonne musulmane, avoue-t-elle avec le sourire ». Boubou africain, hauts talons, la jeune femme n’a rien perdu de sa féminité malgré ce travail d’hommes qu’elle a choisi. Derrière le masque de wonderwoman, se cache une jeune femme qui adore rire et partager. 

D’ailleurs sa venue au Sénégal ces derniers mois, c’est pour concrétiser une vieille promesse qu’elle s’est faite. Fille de la banlieue (Guédiawaye), elle désire ouvrir une salle de musculation et d’arts martiaux pour donner la chance à tous de connaitre les bienfaits du sport pour le corps et le mental, mais surtout apprendre aux femmes les techniques de self défense en ces temps de recrudescence de l’insécurité. A côté, Zeynabou désire aussi mettre en place une agence de sécurité (Samado sécurité) fera de la garde rapprochée, de la sécurité d’entreprises, d’évènementiels, etc. 

Avec ce parcours qui rend fier son entourage, Zeynabou est la preuve vivante que les femmes peuvent briser les barrières et s’imposer dans un secteur dominé par les hommes, et se hisser parmi les meilleurs sans perdre sa féminité.   

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On est samedi 03 juillet et la place de la nation accueille des hôtes particulières en cette matinée ensoleillée. Une centaine de femmes armées de pancartes sont assises à même le sol, les visages fermés. Sur l’une des pancartes, on peut lire «3 femmes seront violées dans 24h ». 

Une centaine de femmes armées de pancartes

 

Un message qui annonce la couleur de la présence de ces femmes en ce lieu symbolique pour tous les militants. Le collectif a décidé de sortir de sa réserve après qu’une jeune élève de 15 ans ait été violée par son camarade de classe de 19 ans qui n’a été inquiété ni par la police, ni par l’école. Il aura fallu un tollé de ces femmes sur les réseaux sociaux pour que l’histoire soit connue et prise enfin au sérieux. Le bourreau sera finalement exclu de l’école et placé sous mandat de dépôt. Surnommée Louise pour garder l’anonymat de la victime, le collectif a ainsi décidé de se battre pour que ce genre de situation cesse enfin. 

Des victimes qui sont très souvent traitées comme des coupables par la société et ont de la peine à dénoncer leurs bourreaux. Un silence forcé qui ronge et empêche la plaie de cicatriser.

Une centaine de femmes armées de pancartes

Viols, violences faites aux femmes, harcèlement, violences basées sur le genre… des maux sur lesquels ces femmes veulent forcer la société à mettre des mots. Oser en parler, oser dénoncer pour que les choses changent. Libérer la parole pour que la peur change de camp. 

Avec la loi 20-20 05 de janvier 2020 qui alourdit les peines liées aux viols, les organisations féminines qui pensaient voir le phénomène reculer, ont vite déchanté. Car depuis le vote de la loi, les cas n’ont pas diminué, les violeurs continuent à sévir.

Une femme

Ce sit-in, c’est donc un rappel à la société que le phénomène est toujours présent, que les victimes continuent de grossir les rangs, que les bourreaux continuent de vaquer à leurs activités sans crainte. L’impunité donc semblent bénéficier les coupable est comme un pied de nez au travail de toutes ces organisations féminines.   https://genderandsecurity.org/projects-resources/research/lemergence-dun-mouvement-feministe-au-senegal-le-cas-du-yewwu-yewwi-plf

Pour le collectif des féministes sénégalaises, le combat est plus que d’actualité et elles sont prêtes à descendre sur le terrain régulièrement pour battre le rappel des troupes et faire trembler les violeurs qui se cachent, les violeurs en puissance…   

https://azamag.com/economie-laube-dune-nouvelle-dimension-inclure-les-femmes-dans-la-conception/

 

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