Dire que l’homme a un impact considérable sur la santé de notre planète est devenu un lieu commun. L’émergence du concept de changement climatique et, petit à petit, l’acceptation, de son origine, en grande partie, humaine, y ont largement contribué. Rappelons-nous qu’il n’y a pas si longtemps, il fallait bien des démonstrations pour nous convaincre d’une telle évidence.
Cela a-t-il radicalement changé nos comportements ? Certes non. Et l’on sait que la diversité biologique continue de décliner, malgré tous les engagements internationaux pris et répétés depuis Rio, en 1992.
Pourtant, si globalement la situation se détériore, des tendances positives commencent à se dessiner, par endroits. Il suffit, à titre très symbolique, de considérer le retour d’espèces sauvages comme le loup en Europe, dans des espaces dont il avait été éradiqué : si un tel animal est capable de, presque, ressusciter, alors d’autres le pourront certainement aussi. Ainsi des loutres ou des castors dans bon nombre de rivières du vieux continent.
L’impact des activités humaines croît, mais finalement moins vite que prévu
Une étude publiée dans Nature Communication et conduite sur la période récente de notre développement confirme cette tendance. Elle mesure, entre 1993 et 2009, l’impact environnemental des activités humaines sur la planète, ce qu’on appelle notre empreinte écologique. Celle-ci aurait crû de 9%. Elle la compare alors à la croissance démographique au cours de la même période (+ 23%) et à celle de l’économie mondiale (+ 153%). Le premier enseignement rassurant qu’on en tire est que notre influence négative sur l’environnement croît moins vite que notre capacité à lui nuire, alors que nous sommes plus nombreux et plus riches. Est-ce parce que justement nous avons pris conscience du besoin d’épargner la nature pour notre avenir ? Cela reste à démontrer.
C’est cependant en zoomant un peu que l’on en apprend plus. Si la tendance globale est à la dégradation, il apparaît des zones où l’empreinte écologique de l’homme a tendance à se réduire. Soyons honnêtes, il s’agit essentiellement des lieux où elle était déjà très marquée (notamment les pays développés de l’hémisphère nord) mais quoi qu’il en soit, cela montre que l’inversion de la courbe de la dégradation est possible, quand et où ce n’est pas trop tard. Par exemple, il n’échappe pas à l’observateur un peu naturaliste, que grâce à des politiques environnementales dynamiques – et à la vigilance électorale des citoyens ! – la situation de l’environnement en Europe s’est plutôt améliorée au cours de ces trente dernières années.
L’heure des choix pour l’Afrique
L’Afrique n’est pas dans cette tendance. Pas encore en tout cas. L’étude pointe en particulier l’Afrique du Nord, de l’Ouest et du Centre où la situation s’est fortement dégradée au cours de la période considérée. Mais il est vrai que le continent part d’une situation moins grave et que l’empreinte de l’homme, pour croissante soit-elle, y reste encore en général plus faible que dans les pays industrialisés. Mais pour combien de temps encore ? Car tout est affaire de temps et si la nature peut se remettre de perturbations engendrées à un rythme « acceptable » – l’ère industrielle occidentale en fait-elle partie ? S’est-elle faite en laissant une chance à la nature de récupérer plus tard ? – elle ne peut corriger des changements définitifs. La perte totale d’espèces, animales ou végétales, en est l’exemple ultime.
Ainsi, l’étude conclut que la plupart des zones où la biodiversité souffre le plus aujourd’hui sont logiquement celles où elle reste la plus diversifiée. Dans ce registre, l’Afrique est encore bien placée. Mais saura-t-elle gérer ce capital sur le long-terme ?
SOURCE: Jeunafrique