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Après des études supérieures à Paris (option optique et lunetterie), Danièle Sassou Nguesso plie bagages et rentre servir son pays le Congo depuis 2005. De passage à Dakar, cet entrepreneur, militante de l’entrepreneuriat féminin a accordé une interview dans laquelle elle explique dans le détail ses différents projets et ambitions pour l’Afrique, son pays en particulier. Pour celle qui veut promouvoir l’entrepreneuriat social, il s’agit d’encadrer les femmes d’abord, avant de leur ouvrir les mécanismes de financement.


AD2A8146Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je tiens d’entrée à remercier très chaleureusement vos lecteurs et saluer avec déférence toutes ces sénégalaises et sénégalais qui participent chaque jour au rayonnement de ce beau pays, jadis capital de l’Afrique Occidentale Française (AOF) et aujourd’hui, véritable modèle de développement pour les pays du continent. Je ne saurai poursuivre mon propos, sans marquer mon admiration pour cette terre chargée d’histoire qui m’a vu naitre.

Je suis Danièle SASSOU NGUESSO, mariée et mère de 4 enfants. Opticien-lunettier de formation, je suis également titulaire d’un master 2 en politiques et management du développement sciences po Paris. J’évolue depuis plusieurs années dans le domaine du paramédicale au Congo, et parallèlement à cela je poursuis des activités dans de l’entreprenariat sociale. il faut croire que ce métier a quelque peu influencé mon propre regard sur certains sujets de société, notamment ceux qui concernent de nos jours, les groupes vulnérables ainsi que les inégalités sociales persistantes qui freinent la croissance inclusive de nos pays et de notre continent. A cet effet, je me définis aujourd’hui , comme un Homme – grand « H » – qui souhaite ne pas être simple spectateur mais plutôt un acteur du changement que nous espérons tous pour nous-mêmes et pour les générations futures. Je me conçois surtout comme une mère qui lutte pour le bien-être des enfants (à travers notre fondation LPS) et également comme une femme qui milite pour l’amélioration des conditions de ses consœurs, (à travers notre fondation SOUNGA).

Parlez-nous de votre fondation ?

La fondation SOUNGA est une association de droit congolais, créée en 2015 en vue d’accompagner les femmes dans la prise en charge de son propre développement ainsi que dans le processus d’intégration de cette dernière, au développement de nos pays et de notre continent. Notre ambition est de faire en sorte que le bien-être de nos familles, de nos organisations aussi bien privées que publiques, ne reposent pas en majeur partie sur nos seules hommes alors que presque partout en Afrique les statistiques montrent que les femmes représentent plus de la moitié des populations nationales. SOUNGA, qui veut dire « Aide » en lingala (langue Bantu), vise ainsi à apporter une assistance socioéconomique aux femmes et faire en sorte qu’une meilleure autonomisation de ces dernières, réduise progressivement cette asymétrie de genre qui persiste dans nos pays et qui retient jusque-là, le potentiel d’une croissance étouffée en partie par les inégalités hommes-femmes.

Concrètement quelles sont vos activités ?

La fondation SOUNGA s’attèle à mettre en place un écosystème « serviciel » qui permette aux femmes de renforcer leurs capacités humaines de façon intégrale, tant sur les aspects psychologiques, sociologiques qu’économiques. C’est pourquoi, les activités de notre fondation se structurent autours des services d’assistance suivants : l’écoute, la formation et le coaching, l’information, le conseil et l’orientation.

Très prochainement d’ailleurs, d’ici quelques semaines, la fondation SOUNGA va lancer son propre incubateur, destiné à encadrer des  femmes entrepreneures, sélectionnées par un comité technique, afin de permettre à ces dernières d’obtenir après quelques mois de formations, des financements appropriés pour la réalisation de leurs projets. Cette première vague de femmes encadrées par notre fondation, servira par la suite de « mentors » pour la sélection et l’encadrement d’autres femmes qui s’adresseront à notre incubateur.

Partout en Afrique, l’entrepreneuriat féminin en particulier se heurte à la question du financement, des préjugés défavorables…comment y remédiez-vous ?

Votre question est fort-à-propos parce que le constat des difficultés liées à l’entrepreneuriat féminin en Afrique, est convergent avec les résultats des études menées par les partenaires au développement ainsi que par les résultats de notre propre expérience d’entrepreneure sociale, tant au Congo qu’un peu partout sur le continent. Les femmes continuent en effet, d’être victimes de nombreux préjugés, souvent très ahurissants et révoltants, construits pour l’essentiel à partir des pratiques culturelles avilissantes et désuètes qui continuent malgré l’existence de textes règlementaires et juridiques, d’alimenter des pesanteurs sociales tenaces et maintiennent les femmes dans la position de « cadettes sociales ». Ce positionnement de la femme se ressent dans pratiquement tous les aspects du développement de nos pays et le domaine de l’entrepreneuriat n’y échappe pas. Les idées reçues et véhiculées par les considérations sexistes, continuent par exemple de faire de certains métiers la « chasse gardée » des hommes.

La fondation SOUNGA que nous avons la charge de présider, a l’ambition comme nous le soulignions précédemment, de mettre en place un écosystème « serviciel » qui permette aux femmes de renforcer leurs capacités humaines de façon intégrale, tant sur les aspects psychologiques, sociologiques qu’économiques. Nous entamons ainsi nos efforts pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin, justement par la création de cet incubateur que nous annoncions tantôt.

D’autres initiatives incluses dans notre projet associatif ainsi que dans notre programme opérationnel d’actions 2016-2018, devraient contribuer à résorber significativement les difficultés liées à l’entrepreneuriat féminin, du moins, au Congo où la fondation déploie pour l’instant ses actions.

Peut-on s’attendre à ce que votre Fondation sorte de votre pays ?

Nous nous sentons interpellés partout où des jeunes filles et des femmes continuent d’être maintenues ou de se maintenir à bonne distance des principaux leviers du développement. La vocation de la fondation est d’aider et l’aide par essence n’a pas de frontière. Toutefois, il nous a paru plus cohérent de localiser nos premiers efforts, dans un pays comme le Congo qui est le nôtre et dont nous connaissons mieux les spécificités culturelles, socioéconomiques et politiques. Je note d’ailleurs que cette démarche qui consiste à construire un ancrage local dans le contexte de préoccupations internationales et continentales majeures comme l’amélioration de la condition des femmes, est celle qu’épouse aussi des fondations sénégalaises à l’instar de la fondation Servir le Sénégal que préside Madame Marième FAYE SALL que je salue très chaleureusement au passage.

Il n’est donc pas exclu que la Fondation SOUNGA sorte du Congo, pour contribuer avec des partenaires publics ou privés situés en dehors de nos frontières, et  même ici au Sénégal votre pays, au combat visant à éliminer toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes et aussi pour l’autonomisation de ces dernières.

Notre fondation milite pour une génération Femmes de Demain, dite: Femmes SOUNGA capables elles aussi de se prendre en charge et de prendre en charge le destin de leurs familles, de leurs organisations et de leur pays. Cette Femme SOUNGA, n’est pas seulement congolaise ! Elle est avant tout transnationale et particulièrement africaine. Elle est Gabonaise, Ivoirienne, Ethiopienne, Egyptienne, Sénégalaise, etc.

Que faites-vous au Sénégal ?

Je suis invitée au Sénégal dans le cadre de mes études sur la question des genres. Je suis conviée au sein d’un panel de femmes à prendre la parole dans le cadre de cette problématique. En marge de cela, j’en profite pour visiter d’autres organes comme le mien qui lutte contre toutes les formes de discriminations faites aux femmes, j’en profite pour partager mes convictions et celle de la fondation SOUNGA que je préside, au sujet d’une vision de développement de pays intégrant mieux les compétences féminines mais aussi pour m’ouvrir personnellement à d’autres expériences et l’expérience sénégalaise notamment, en matière de réduction des inégalités sociales entre les hommes et les femmes.

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