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Samedi après-midi d’octobre à Abidjan. Le ciel est menaçant, mais pas pour moi, enthousiaste à l’idée de ce qui m’attend. Je m’apprête à aller rencontrer la femme qui a joué le personnage de Marème, de la série culte sénégalaise de la réalisatrice Kalista Sy, Maîtresse d’un homme marié. D’abord, c’est sur Facebook que j’ai vu la publication de l’évènement, que j’ai bien sûr partagé sur les différentes plateformes en ligne.

J’étais assez dubitative, de prime abord, ne voyant pas trop l’intérêt d’un tel évènement. J’avoue : je me suis même dit : « certaines personnes se prennent décidément pour des stars ! Non je n’irai pas à cet évènement ». Ensuite je me suis demandé pourquoi pas, après tout ! Je suis toujours la première à vouloir faire la promotion du Made In Africa, et à dire que les femmes doivent se serrer les coudes entre elles, qu’elles doivent apprécier ce que font les autres femmes et en parler ! Ensuite, le diable dans ma tête me redit : « Écoute, c’est quand même Marème, elle a été maîtresse dans cette série, a fini par se faire épouser par Cheikh, a fait souffrir une autre femme ! Elle ne mérite pas que tu paies pour aller la voir ! » Et l’ange dans ma tête me dit : « Pas du tout, Marème est juste un personnage ! De plus, comme tu n’as pas encore digéré ce qui s’est passé à la fin de la série, c’est l’occasion d’aller lui dire en face. Et tu as toujours admiré Marème, et détesté en même temps ! Rappelle-toi de ta scène préférée du film ! Elle mérite que tu ailles le lui dire ! » Mon côté ange, heureusement qu’il a pris le dessus parce que j’ai vécu un moment magique avec Halima Gadji, alias Marème.

L’évènement était prévu de 16 h à 18 h au Casino Barrière l’Éléphant d’Or du Sofitel Ivoire, mais les choses n’ont vraiment débuté qu’à 17 h à l’arrivée de celles que nous attendions tous ! Mais avant cela, nous avions le temps de faire connaissance entre fans, de faire connaissance avec Christelle, l’organisatrice de l’évènement, magnifiquement habillée d’un beau boubou. J’ai voulu en savoir un peu plus sur elle, et lui ai posé beaucoup de questions que vous pouvez lire en encadré.

J’ai été agréablement surprise de voir des hommes nous rejoindre, car eux aussi ont été atteints par la fièvre que suscitait la série. L’un d’entre eux, pendant l’échange avec Halima, nous a dit que ce qui l’a le plus intéressé dans cette série, c’était « l’authenticité des faits ». Selon lui, pour une fois en Afrique, les faits relatés sont des faits quotidiens ; d’autant plus que « ce n’est pas que nous les hommes ayons une vie facile, mais celle des femmes est vraiment difficile ».

Enfin arriva Halima, divinement habillée en batik par la designer NACKISSA, que nous avons eu le plaisir d’interviewer, et maquillée par la make up artist MANUELA COUAHO, le tout illuminé par les bijoux des PERLES D’AYO. 100 % à l’ivoirienne ! Christelle avait décidément mis les petits plats dans les grands pour elle.

À son arrivée, les débats ont vite commencé, et nous avons pu lui poser des questions sur elle, son parcours, les différents personnages, sans aucune forme de protocole. Chacun des personnages de la série a été décortiqué, d’abord par Halima, ensuite par l’audience. De la maîtresse, qui s’est fait détester dès le premier épisode, à son personnage qu’elle a su tenir à merveille : son audace, son franc-parler, etc.

Quelques morceaux de choix :

Sur le personnage de Marème, Halima nous dit  :

Concernant le pourquoi de la série : Au début la série avait été faite le Sénégal, mais très vite nous nous sommes rendu compte que la série avait un public au-delà des frontières sénégalaises, car les femmes africaines s’identifiaient aux personnages, faisant toutes face aux mêmes injustices.

En ce qui concerne l’introduction du personnage d’un psychologue à la série, il s’agissait selon Halima, d’une une nouveauté. Plus de marabouts, plus de sorciers, mais un psychologue ; pour sensibiliser sur le sujet, pour montrer aux uns et aux autres que parler de ses problèmes en thérapie ne peut qu’être bénéfique. L’actrice elle-même nous avoue que venant d’une famille religieuse, il a été difficile d’assumer ce rôle, à certains moments elle ne sortait plus, tellement elle se faisait agresser dans la rue. Jouer a aussi été une thérapie pour elle, car plus elle portait le personnage de Marème, plus elle se libérait, car au début, elle aussi avait jugé ce personnage qui pourtant, a eu une vie très difficile.

Elle rajoute que même si la série porte le nom de Maîtresse d’un homme marié, mais elle parle de cinq femmes, qui représentent la femme africaine. Elle est forte, dynamique, ne baisse pas les bras, battante et souriante malgré ses nombreux défis, ai-je moi-même rajouté, pour enrichir nos débats.

Marie Ines, une des nombreuses fans présente ce jour-là, nous a clamé son amour de la série, car selon elle, on se retrouve en toutes ces femmes.

La série avait pour cheval de bataille, nous dit encore l’actrice, l’autonomisation sociale des femmes, que les femmes puissent se valoriser, cessent de se faire du mal à cause des hommes, qu’elles soient un peu plus solidaires.

De plus, ajoute-t-elle, c’est une série complète : non seulement elle nous présente les femmes dans plusieurs dimensions socio-économiques, mais elle nous parle également de l’état d’esprit des enfants lorsque le ménage de leurs parents bât de l’aile, du jugement que peuvent subir les femmes parce qu’elles sont rondes, comme le personnage de Mami. La série nous parle du viol dans la société sénégalaise, qui est presque toujours commis par un parent proche, mais qui est un fait de société qu’on préfère taire, pour ne pas salir les réputations des familles.

Ce fut l’occasion justement de rebondir sur l’affaire de l’ONG JAMRA qui a voulu « dénoncer » une série qui faisait l’apologie de la débauche sexuelle auprès de la jeunesse sénégalaise, et qui s’est lâchée sur le personnage de Marème pour avoir revendiqué sa liberté sexuelle. Là encore, nous dit l’actrice, ils se sont trompés de combat : « Pourquoi JAMRA n’a-t-il pas parlé du personnage de Racky qui a été violée ? Ces femmes grandissent frustrées, malades, rejetées à cause des viols qu’elles ont subi ? Et le personnage de Djalika, qui vit avec un homme violent, qui l’a violée, battue devant sa fille ? C’est hypocrite ! »

Autre aspect de cette série, la valorisation de la beauté africaine. Les hommes étaient beaux dans leurs boubous, et les femmes dans leurs robes et autres coutures africaines, sublimées par des coiffures africaines.

Une petite anecdote : Ndiaye Ciré Ba, qui a joué le personnage de Djalika, marchait dans la rue et une dame lui a dit que grâce à elle, elle s’est rendu compte que sa fille avait un problème et qu’elle doit consulter, car sa fille est traumatisée par ce qui se passait chez elle. Il y a toujours un enfant qui subit le drame familial.

Les hommes de la série, on en a aussi parlé bien sûr ! Le personnage de Cheikh, fidèle et amoureux de sa femme dévouée jusqu’à ce qu’il rencontre Marème. Moustapha, le romantique dans l’âme. Birame, le mauvais mari et Macky, le rêve de toute femme, mais qui n’est pas tout à fait sorti des jupes de sa maman ! Eh oui, les belles mères aussi ont eu leur part dans ce débat ! La sensation générale était qu’on a l’impression qu’elles n’ont jamais été femmes !

Ma conclusion : j’ai décidé de regarder la saison 2 ! Cette rencontre avec Halima Gadji m’a mis l’eau à la bouche. La fin tragique de toutes ces femmes fortes de la série m’avait vraiment déçue, je me suis dit que c’était la montagne qui accouchait d’une souris, tellement la réaliste avait mis la barre très haut depuis le début. MHM, comme on aime l’appeler, vivement la saison 2 !

Pour terminer, l’actrice nous a parlé de sa vie de mère célibataire, ayant quitté les bancs de l’école très tôt, qui se bat pour survivre. Nous avons été touchés, et sommes presque soulagés de voir que comme tout le monde, elle porte sa croix.

Que dire ? Mesdames, nous sommes toutes les artisanes de nos destins, prenons nos vies en main, vivons bien, et surtout soyons fidèles à nous même ! On n’a qu’une vie ! Faisons-en bon usage !

 

Faisons connaissance avec Christelle Debrimou, organisatrice du meet and greet Marème de Maîtresse d’un homme marié

1) Que faites-vous dans la vie, Christelle ?

Je suis Jenny Christelle Debrimou.  Je suis chargée de Communication dans une organisation internationale et membre de plusieurs organisations (ancienne du Lycée Sainte Marie) et Association des  diplômés des États-Unis.

2) D’où vous est venue l’idée d’organiser ce meet up?

J’organise souvent chez moi des diffusions et causeries autour de film ou séries.  Avec tous les commentaires que je lisais sur les réseaux sociaux, l’idée m’est venue d’organiser une plateforme où l’on pourrait échanger sur les problématiques qui sont réelles et qui nous touchent toutes en tant que Femme africaine. J’ai contacté une amie très active sur Facebook pour que nous puissions créer un groupe de Fan de la série.

3) Comment avez-vous connu l’actrice?

Lors d’un partage de mes commentaires d’un épisode de Maîtresse d’un homme marié, un de mes amis m’a informé qu’il connaissait « Marème » qui animait une de ses émissions de TV.  C’est ainsi qu’il me l’a présentée. Je lui ai parlé de mon idée à laquelle elle a adhéré et m’a confié l’organisation.

4) Un dernier mot?

Je suis contente que cette initiative ait suscité l’intérêt de certaines personnes.  Je le voulais pas trop grand pour que nous puissions nous sentir comme chez nous, mais non plus pas vides (rires) pour l’image de l’actrice.

Je suis contente que nous ayons eu une plateforme pour nous exprimer et échanger sur des problématiques importantes.  Khalima Gadji l’a mentionné,  Maîtresse d’un homme marié va au-delà d’une histoire d’infidélité, mais adresse des sujets tabous qu’il faut pouvoir mettre en lumière.  (Le viol, le mariage des femmes avec enfants, le cancer du sein ou du col de l’utérus et tellement d’autres thèmes).

J’encourage homme et femme à suivre la série et j’attends avec impatience la prochaine saison.

 

NACKISSA, Styliste trendry à découvrir absolument !

Nackissa Doumbia Nemlin est une styliste vivant à Abidjan. Mariée et mère de deux enfants, elle est diplômée de l’école de mode parisienne FORMAMOD. Après des stages à Paris et Abidjan, elle est engagée à Abidjan comme styliste pour la marque de prêt-à-porter Wrangler. L’expérience acquise, elle crée sa marque.

Nackissa satisfait sa clientèle en sur mesure, puis très vite le prêt-à-porter qu’elle a appris sagement et patiemment à maîtriser, l’attire. La styliste ouvre les portes de sa première boutique 100% made in Côte d’Ivoire. Le batik est sa marque de fabrique, assorti à des matières telles que la soie, le cuir, le voile de coton ou encore la mousseline, la mousse… Le batik, véritable tableau d’art naïf africain sait nous dévoiler sa modernité et sa fraîcheur quand la styliste le travail.

D’ailleurs ses dernières collections se sont vues récompensées en 2016 et 2017 au top 10 de la mode ivoirienne (respectivement la collection de l’année et mérite du prêt-à-porter). Nackissa a aussi le privilège d’être invitée aux plus grands shows d’Abidjan et de la sous-région.

Lorsqu’elle n’est pas dans son atelier où dans sa boutique, Nackissa devient une mère et épouse épanouie. Sa curiosité l’entraîne entourée de sa famille vers de nouvelles découvertes. En plus de voyage, elle est une passionnée de littérature, de cuisine et de musique. La boutique étant maintenant ouverte et bien fonctionnelle, Nackissa travaille sur son projet de s’exporter.

 

 

 

 

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